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La crise étudiante comme débat gauche-droite

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Depuis le début de la crise étudiante, j’ai tenté tant bien que mal de classifier seulement les deux camps comme étant les pro-hausses et les carrés rouges. Et la soi-disant position intermittente m’apparaît tellement absurde que cette phrase sera la seule où il en sera question.

Sauf qu’il m’apparaît de plus en plus clairement que ce débat est une illustration parfaite du débat gauche-droite. Je sais que je ne ferai pas plaisir à certaines personnes, mais tout ce que soulève ce débat pointe deux systèmes de valeurs irréconciliables. Il faudra que les pro-hausses assument leur filiation idéologique avec la droite, en tout cas économique.

Parce que la solution de l’utilisateur-payeur dans le dossier de l’éducation, ce n’est pas du bon sens contrairement à ce qu’on essaye de faire croire, c’est la logique néolibérale du chacun-pour-soi. Et c’est surtout faire fi de l’humanisme qui désire le progrès social via l’accessibilité accrue aux études.

Pourtant, on en est venu à faire croire que les tarifs peu élevés (comparés aux autres provinces et aux États-Unis, comme si le monde se limitait à l’Amérique du Nord…) et les gels participent à la régression sociale, ce qui favoriserait les plus riches. Ce à quoi je réponds : si les plus favorisés payent plus d’impôts que les moins favorisés, ils payent plus pour que les tarifs soient bas, ils peuvent bien en profiter. Mais la question reste à savoir s’ils payent assez d’impôts…

Je le répète, le problème avec les frais de scolarité, c’est l’accessibilité pour la classe moyenne, la classe majoritaire. Les plus pauvres ont la chance de recevoir le maximum de bourses, même si, quand même, ils s’endettent avec des prêts, ce qui nourrit l’insatiable faim des banques… Et puis, avoir en tête que tu vas t’endetter pour faire des études, ce n’est pas un terreau très fertile pour prendre une décision dans ce sens. Alors oui, c’est un débat sur l’égalité des chances et, visiblement, la lecture gauche-droite tient la route.

Et quelle est la position de la droite dans ce débat? Curieusement, la droite anti-étatique est du côté du gouvernement . Au lieu de pointer les problèmes de gouvernance qui font en sorte que le gouvernement réussi à justifier une hausse des frais de scolarité, cette petite droite hypocrite se plaignait par exemple de voir les trois représentants étudiants à Tout le monde en parle alors que le poids médiatique est de leur propre bord, du bord des pro-hausses. Un autre exemple, juste avant le début de la grève, notre ami Éric Duhaime a publié un livre titré « L’État contre les jeunes », ce qui est en soi une bien bonne blague… En tout cas, on ne pourra jamais dire que Duhaime est un visionnaire et qu’il voit venir les choses.

Mais je peux quand même lui lever, ou plutôt leur lever mon chapeau. Ils ont réussi à pervertir quelques concepts qui catégorisent la gauche et la droite. Alors, pour certains, le mouvement étudiant contre la hausse est un regroupement d’étudiants égocentriques qui se battent seulement pour ne pas payer un peu plus. Le message ridicule du 50 sous par jour, relayé par des chroniqueurs péripatéticiens comme Martineau, fait visiblement des ravages…. Et on pointe le fait que Gabriel Nadeau-Dubois fume la cigarette et possède un cellulaire pour prouver qu’ils ont les moyens  de payer plus, et surtout, pour prouver que le porte-parole de la CLASSE n’a pas le bon « casting » pour faire le travail. La belle affaire! La gauche est individualiste et un étudiant aisé ne peut pas se battre pour le droit à l’éducation de ses confrères plus pauvres que lui!

Pour ma part, dans ce débat, si j’ai besoin de le spécifier, je suis clairement à gauche. Je crois que le but ultime de cette bataille est le progrès économique et intellectuel de la société, alors qu’en plus nous sommes bien au courant que les 500 millions (moins de 1% du budget) que ça prendrait pour la gratuité scolaire vont dans les poches des amis du pouvoir. Alors, être derrière Charest dans ce dossier, c’est cautionner ce qui détraque notre démocratie, notre société. Et puis, dans une société aussi fiscalement imposée et lourdement taxée, éduquer nos enfants selon leurs capacités, nonobstant de la situation des parents, ne devrait même pas être un luxe. D’ailleurs, je serais bien d’accord pour discuter avec la droite d’une réduction de la taille de l’État, et donc d’un amoindrissement de la charge fiscale, mais je crois que l’éducation devrait être le dernier sujet abordé, parce que c’est essentiel, c’est la base. Il me faudrait un hypnotiseur pour me faire croire que la pauvreté intellectuelle engendre plus de richesse que de problèmes sociaux.

Et vraiment, il faudrait un jour que je sache pourquoi tous ces gens de droite ont tellement de haine envers l’accessibilité à l’éducation. Parce que j’ai trop de scénarios horrifiants en tête.

 

(Photo : Ol.vler)


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